dimanche 15 septembre 2013

SEMAINE 12 / Christophe Havot

DESCENDING Jhonnie Kratong
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Chaque soir, en rentrant du travail (le matin, à cause des nombreuses voies à sens unique, mon parcours est sensiblement différent) je longe ces barres d’immeubles gris que ni les vêtements colorés qui sèchent sur les balcons étroits ni les paraboles innombrables, taches blanches posées là comme pour une installation d’art contemporain, ne réussissent à égayer. Et chaque soir je pense à cet homme qui s’est jeté d’un cinquième étage, le corps recouvert d’essence enflammée pour faire bonne mesure il y a déjà plus d’un an. Il avait griffonné un mot, un seul sur une feuille de papier quadrillé arrachée à un cahier d’écolier : « pardon ». Comme si c’était lui qu’il fallait pardonner et non tout le reste.

Every evening, coming home from work (in the mornings due to numerous one way streets my route is slightly different) I drive along rows and rows of grey buildings that neither the bright coloured clothes drying on the narrow balconies, nor the many satellite dishes, white dots placed as if part of an art installation, could ever hope to brighten up. And every evening I remember the man who more than a year ago, threw himself from the fifth floor of a building, covered in petrol in flames for good measure. He had scribbled two words only on a sheet of paper torn out of a school exercise book : "forgive me". As if he was the one we should forgive and not every thing else.