SEMAINE # 45 /CH
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J’avais choisi d’emprunter le chemin qui partait vers la gauche et s’enfonçait sous les broussailles. Très rapidement, les marques de balisage avaient disparu et il avait fallu tenter de se repérer autrement qu’avec des signes peints sur l’écorce des arbres. Peu à peu, j’avais laissé mes pas me conduire où bon leur semblait, comme s’ils étaient mus par une volonté propre qui m’aurait totalement échappé. Le chemin était devenu sentier et avait fini par disparaître complètement, sans pour autant que cela ait la moindre incidence sur le rythme de ma marche ou ma détermination à avancer. Je m’arrêtai de temps à autre, pour apprécier ce qui m’entourait, pour écouter un bruit auquel je n’aurais pas fait attention autrefois mais que mes sens en éveil m’ordonnaient d’apprécier, pour observer la couleur d’un végétal, d’un lichen, d’une pierre ou encore le mouvement des feuilles agitées par un vent discret. J’avais fait de drôles de rencontres et échangé d’étranges dialogues qu’il serait trop fastidieux de rapporter ici, comme si, au lieu de m’enfoncer toujours plus loin, et à peu près toujours dans la même direction malgré quelques embûches qui m’obligeaient à dévier quelque peu de ma trajectoire initiale, j’avais pénétré un monde imaginaire qui se révélait soudain à mon esprit disponible, ouvert à toute forme d’expérience nouvelle. Je profitais pleinement de ces instants rares et comme dérobés à une existence qui n’aurait pas été la mienne. Je craignais le moment, inévitable, à partir duquel il me faudrait rebrousser chemin.
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