dimanche 28 juillet 2013

SEMAINE 05 / France Paquay

AUTUMN SUNRISE Dylan Whitman Waller
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Gouvy

Dimanche 14 avril. Je lave la voiture et je dépoussière les cadres que j’emporte avec moi. 10h31 : Je prends la route vers Gouvy - à la découverte d’un passé que je n’ai jamais eu. A l’arrivée, Henry, un cousin de 20 ans mon aîné nous accueille sur le pas de la porte. Café et tarte au riz. Des photos défilent. On me présente mes grands-parents, morts bien avant que je ne naisse. Mes parents ont eu une jeunesse eux aussi mais je n’en connais rien. Si, je sais qu’ils ont connu la guerre. Stavelot, Moulin-du-Ruy, Gouvy c’était tellement proche de l’Allemagne à l’époque, tant de morts... tant de douilles retrouvées dans le fond du jardin ! Dans cette maison où nous sommes, les gens se réfugiaient dans la cave... A ce moment-là mon père était prisonnier. Un souvenir de sa jeunesse résistante, le seul que je détienne. C’est bien après qu’ils se sont rencontrés, lui et ma mère ; Henry y était. D’autres photos, je suis heureuse de voir qu’il ait pris mon frère dans ses bras,... Mes soeurs l’ont connu, elles ont des souvenirs que je n’ai pas. C’est vide chez moi. Vide en moi. J’aurais voulu être sur une photo, et Henry sort celle d’un bébé en larmes «je ne sais pas qui c’est» - ce gros bébé en larmes c’est moi. De mon côté j’avais récupéré 4 négatifs 6x9 et les avais tirés en positif : ma mère, ses parents, son frère Pol, sa soeur Yvonne et son frère Jean qui prend la photo. Un chat noir devant la maison. Ma mère et sa soeur à la cascade de Coo. Et la dernière, c’est ma tante Yvonne, la mère d’Henry accoudée à un homme que je croyais être le père de Henry. «Non, ce n’est pas lui du tout»... Et là, nous refaisons l’histoire. Si c’était son père, si cet américain qui était amoureux fou de sa mère était son véritable père?...» Je l’avais déjà décidé, mais au retour je l’applique, je me débarrasse définitivement des rétroviseurs ! Je ne veux plus rouler vers le passé. Plus de regard douloureux vers l’arrière.

Sunday 14 April
I wash the car and I dust the picture frames I am taking with me. 10:31am on the road to Gouvy - hoping to discover a past I never had - On arrival, Henry, a cousin 20 years my senior greets us on the doorstep. Coffee and rice cake. Photos are handed around. I’m introduced to my grand-parents deceased well before I was born. My parents did have a childhood that I know nothing about. Yes, I’m aware they lived through the war. Stavelot, Moulin-du-Ruy, Gouvy, were so close to Germany, so many died... So many cartridges recovered down in the garden! In this very house people would seek refuge in the cellar... At that time my father was a prisonner. The only thing I remember of his youth as a member of the Resistance. He met my mother a long time after that; Henry was around. 
More photographs, I am happy to see him holding my brother in his arms...My sisters knew him, they have memories that are denied to me. In me it’s emtpy. Inside me. I wish I had been on one of the photos, and Henry brings out one of a baby in tears “I don’t know who this is” - That plump baby crying was me. For my part I managed to find 4 negativs 6x9 and had them printed: of my mother, her parents, her brother Pol, her sister Yvonne and her brother Jean  (who took the picture). A black cat in front of the house. My mother and her sister at the waterfall of Coo. And finally, my aunt Yvonne, Henry’s mother leaning againts a man I took for Henry’s father. “No it’s not at all him”...And so we alter the past. What if it was his real father, if this american madly in love with his mother really was his father?... I had taken the decision before hand, but on the way back I felt sure, I am definetly throwing out the rear mirrors! I am not driving backwards anymore. No more painful glances at what might have been or was.